De Londres à Lisbonne, en passant par Berlin, les paiements ne se ressemblent pas. Pourtant, derrière cette diversité apparente, un cadre réglementaire commun existe. Vous voulez vendre à l’international sans multiplier les prestataires ni alourdir vos frais ? Comprendre les spécificités locales et les leviers européens est devenu essentiel. Voici ce qu’il faut savoir pour ne plus naviguer à vue.
En théorie, l’Union européenne et l’Espace économique européen (EEE) offrent un environnement harmonisé pour les paiements. En pratique ? C’est un peu plus nuancé.
Grâce à la directive européenne sur les services de paiement (DSP2), un prestataire de services de paiement (PSP) agréé dans un pays de l’UE peut opérer dans toute la zone EEE. Un seul agrément suffit pour couvrir 30 pays. C’est un atout majeur pour les entreprises : centralisation des flux, économies d’échelle, conformité simplifiée.
Mais il faut garder une chose en tête : l’harmonisation réglementaire ne remplace pas les habitudes locales.
Exemple concret :
Une fintech française, agréée par l'ACPR, peut tout à fait proposer ses services en Allemagne et aux Pays-Bas. Techniquement, tout est en place. Sauf que côté clients, les attentes diffèrent : les Allemands privilégient les virements (SEPA), tandis que les Néerlandais ont longtemps juré par iDEAL, désormais remplacé par Wero.
Autrement dit, un PSP peut être légalement opérationnel dans plusieurs pays, mais cela ne suffit pas pour réussir : il faut aussi s’adapter aux réalités de terrain, et celles-ci changent vite.
Longtemps dominé par les cartes bancaires et les virements SEPA, le marché européen se transforme sous l’effet des innovations mobiles. Et cette transformation n’est pas homogène : là où les Scandinaves utilisent déjà leur smartphone pour payer leur baguette de pain, d’autres pays restent attachés aux cartes ou même aux espèces.
Résultat : proposer une seule méthode ne suffit plus. Il faut combiner ancrage local et solutions innovantes.
Le changement s’observe dans les chiffres. En 2024, ce sont 41 % des adultes1 qui ont utilisé Apple Pay pour leurs paiements au Royaume-Uni. En Europe aussi, son adoption progresse à grande vitesse, notamment chez les moins de 35 ans.
Mais ce n’est pas partout la même histoire. En Pologne, par exemple, Blik reste un acteur incontournable. Ce système local de paiement instantané, accessible depuis l’app bancaire, concurrence sérieusement Apple Pay, tout en coexistant avec lui. Résultat : une entreprise qui ignore Blik risque de passer à côté d’un tiers du marché polonais.
Qu'est-ce que cela signifie ? Que la clé du succès tient dans une double approche : intégrer les méthodes locales bien ancrées, tout en adoptant les solutions innovantes qui montent en puissance. Ne pas le faire, c’est risquer de perdre un client dès la page de paiement.
Pourquoi un tel engouement pour les wallets ? Deux raisons : la commodité et la sécurité. Plus besoin de saisir son numéro de carte. L’authentification biométrique (empreinte, reconnaissance faciale) fait le reste. Résultat : un taux de conversion plus élevé, une expérience fluide et un sentiment de confiance côté utilisateur.
Apple Pay domine largement, mais il n’est pas seul. Vipps MobilePay a beaucoup de succès dans les pays nordiques, MB WAY est incontournable au Portugal, et la grande nouveauté à suivre s’appelle Wero. Ce portefeuille numérique européen, né de la fusion d’iDEAL, Paylib, Bancontact et cie, promet de standardiser les paiements en ligne dans l’UE.
Et ce n’est pas juste une mode : le marché des wallets numériques en Europe devrait croître de +9 % par an jusqu’en 20282. L’intégration de ces solutions n’est donc plus une option, c’est une exigence client.
L’open banking est une révolution qui transforme déjà la manière dont les entreprises accèdent aux données financières. Tout est parti de la directive PSD2, adoptée en 2018. Son objectif ? Permettre aux consommateurs de partager en toute sécurité leurs données bancaires avec des tiers de confiance (agrégateurs, services de paiement, outils de gestion, etc.).
Mais ce n’est qu’un début, puisque la PSD3 est en préparation et ira encore plus loin : accès élargi aux données (comptes d’épargne, crédits, etc.), amélioration des APIs, renforcement des droits des utilisateurs. Et l’adoption suit : +30 % de croissance annuelle attendue jusqu’en 20263.
Pour les entreprises, cela ouvre la porte à des services plus personnalisés : évaluation de solvabilité en temps réel, paiements instantanés sans carte, automatisation de la comptabilité. Mais attention, tout n’est pas rose côté consommateur. L’un des freins majeurs reste l’absence de rétrofacturation (chargeback), notamment pour les paiements par virement initiés via open banking.
En 2025, les paiements instantanés deviennent obligatoires pour les banques européennes. Le transfert d’argent en 10 secondes, 24h/24 et 7j/7, ne sera plus un service différenciant : ce sera la norme.
L’accord européen de février 20234 impose à tous les prestataires de services de paiement de proposer cette fonctionnalité pour les virements en euros, avec un encadrement strict des frais. Cela répond à une attente croissante des consommateurs comme des entreprises : rapidité, fluidité et certitude dans l’exécution des paiements.
En supprimant les délais bancaires, les paiements instantanés réduisent les frictions dans le parcours client. Pour les commerçants, cela signifie un encaissement immédiat et une meilleure gestion de trésorerie. Pour les utilisateurs, une expérience d’achat sans attente ni incertitude.
Visa Direct permet aujourd’hui à un commerçant d’envoyer ou de recevoir un paiement en quelques secondes, directement vers une carte bancaire. Ce service est déjà actif dans plus de 170 pays et s’impose comme un standard pour les paiements instantanés transfrontaliers, en particulier dans l’e-commerce et les plateformes de services.
Avec une croissance estimée de 167 à 270 milliards de dollars d’ici 20295, le marché du BNPL séduit autant qu’il inquiète. Klarna, Afterpay ou encore Scalapay ont permis à ce mode de paiement de se généraliser, notamment chez les jeunes adultes. Cependant, son expansion rapide a suscité des interrogations sur le surendettement, la transparence et l’encadrement juridique.
La réglementation s’intensifie en Europe. Certains marchés imposent déjà des obligations de transparence sur les conditions de remboursement et les évaluations de solvabilité. Résultat : les taux d’acceptation peuvent varier fortement d’un pays à l’autre. En Suède, ils avoisinent les 90 %, et en Allemagne ou en France, ils tombent parfois à 50 % selon les profils clients et les fournisseurs.
Les acteurs du BNPL se trouvent à la croisée des chemins : ni totalement établissements de crédit, ni simples fintechs. Cette position hybride les oblige à jongler entre innovation technologique et conformité réglementaire, dans un contexte de plus en plus exigeant.
Prévue pour une entrée en vigueur à l’horizon 20276, la directive PSD3 vise à consolider la confiance dans les paiements numériques et à moderniser le cadre existant, devenu partiellement obsolète face aux innovations du secteur.
Son objectif est triple : renforcer la sécurité, garantir une concurrence équitable et stimuler l’innovation. Plusieurs évolutions majeures sont déjà sur la table :
Pour les entreprises, il est essentiel d’anticiper ces changements. Même si la directive n’entrera en application que dans quelques années, elle impactera directement les solutions de paiement intégrées, les choix technologiques et les relations avec les PSP. Il vaut mieux donc se préparer dès aujourd’hui pour éviter des ajustements coûteux en dernière minute.
Comprendre les tendances, c’est une chose. Les mettre en œuvre efficacement en est une autre. Réussir sa stratégie de paiement en Europe exige une approche structurée, mais surtout ancrée dans la réalité de chaque marché. Voici trois leviers concrets pour déployer une stratégie performante.
Chaque pays a ses habitudes, ses attentes, ses contraintes. Une solution qui fonctionne en Allemagne ne produira pas forcément les mêmes résultats en Espagne ou en Italie. C’est pourquoi il est essentiel de s’appuyer sur des équipes locales ou des experts du terrain. Ils connaissent les méthodes privilégiées, les contraintes réglementaires, et surtout les pratiques culturelles qui influencent les choix de paiement.
La tentation est grande de dupliquer une stratégie à l’échelle européenne. Mais dans ce domaine, le copier-coller est souvent contre-productif.
Aucun marché ne réagit exactement comme un autre et l’A/B testing devient donc un outil central. Tester différentes méthodes de paiement, variantes de tunnel de conversion ou parcours UX permet d’identifier rapidement ce qui fonctionne, ou non.
Les bons indicateurs ? Le taux d’abandon panier, la conversion post-paiement, ou encore le nombre de sessions finalisées. C’est cette approche itérative qui permet de consolider une stratégie solide à l’échelle.
Une approche progressive est souvent plus efficace qu’un déploiement massif. Lancer un produit phare ou une campagne pilote dans un marché stratégique permet de valider les fondations avant d’accélérer.
Les retours clients et les performances servent ensuite à ajuster l’offre, optimiser les paiements et accélérer l’expansion dans d’autres pays. Il vaut mieux un succès mesuré qu’un échec généralisé.
Le paiement en un clic s’impose comme un levier stratégique en Europe, surtout pour les entreprises qui misent sur la récurrence d’achat. En supprimant la saisie des coordonnées à chaque transaction, vous réduisez la friction, augmentez la satisfaction client, et favorisez la fidélité à la marque.
Ce mode de paiement permet aux consommateurs de finaliser un achat en ligne instantanément, sans avoir à ressaisir leurs informations de paiement ou d’expédition. Une seule condition : que le client ait enregistré ses données lors d’un précédent achat, en créant un compte, par exemple.
C’est un choix gagnant pour les commerçants souhaitant améliorer leur taux de conversion tout en offrant une expérience fluide. Pour le mettre en place, il est essentiel de s’appuyer sur un prestataire de paiement fiable. Checkout.com, par exemple, propose une solution de paiement en un clic grâce à notre partenariat avec Bolt, tout en assurant la conformité PCI DSS.
Conquérir le marché européen passe par une compréhension fine des attentes locales, une capacité à s’adapter rapidement et une veille constante sur les évolutions réglementaires. C’est précisément ce que propose Checkout.com.
Avec une infrastructure pensée pour les marchés européens, des connexions directes avec les principaux réseaux et une expertise terrain, Checkout.com vous permet de :
Grâce à des outils comme Intelligent Acceptance, qui optimise vos taux d’acceptation auprès des émetteurs locaux, et Flow, qui personnalise les méthodes de paiement selon le profil de l’utilisateur (appareil, langue, devise, localisation), vous maximisez votre impact sur chaque marché.
Un dernier conseil : ne considérez plus les paiements comme une simple étape du parcours client. Traitez-les comme un levier stratégique. C’est là que se joue, bien souvent, la différence entre une croissance maîtrisée et des opportunités manquées.
1 Statista, “Global Apple Pay Adoption”, décembre 2024, https://www.statista.com/statistics/1264671/global-apple-pay-adoption/
2 Research and Markets, “Europe Prepaid Debit Card Market”, mars 2025, https://www.researchandmarkets.com/report/europe-prepaid-debit-card-market
3 Open Banking Limited, “UK reaches 7 million Open Banking users milestone”, février 2023, https://www.openbanking.org.uk/news/uk-reaches-7-million-open-banking-users-milestone/
4Actualités Parlement Européen, “Garantir que les virements en euros arrivent en moins de dix secondes”, février 2024,
5 Research and Markets, “Europe Buy Now Pay Later Market”, février 2025,
https://www.researchandmarkets.com/report/europe-buy-now-pay-later-market
6 Finance Europe, “Payment Services”, février 2025,
https://finance.ec.europa.eu/consumer-finance-and-payments/payment-services/payment-services_en